Historique

« Nous devons le contenu de ces pages à Monsieur Charles Fauvet, instituteur à Magny en 1888. Les instituteurs de l’époque avaient mission de rédiger une monographie sur leur village. M. Fauvet a réuni ces notes. Je les ai mises au propre dans cette plaquette, simplement pour qu’elles ne se perdent pas. J’y ai ajouté quelques notes en bas de page. Peut-être un jour, un véritable historien saura en faire une vraie monographie.

Les notes de M. Fauvet, essentiellement historiques, comportent aussi une partie sur l’enseignement. J’en ai pris les extraits les plus pittoresques pour les rajouter à la fin de cette plaquette. »

Roger Maksud – Magny le Hongre, Octobre 1996

 

La Seigneurie

La seigneurie de Magny le Hongre était divisée en plusieurs fiefs, les plus importants étaient ceux des chanoines de Sainte Geneviève du Mont, à Paris et des princes de Rohan-Guéménée qui, les uns et les autres, se qualifiaient seigneurs du lieu, bien qu’ils ne le fussent qu’en partie.

Ils se trouvaient dans la mouvance de la châtellenie de Crécy.

Dès le XIe siècle, les chanoines de Sainte Geneviève étaient en possession de biens à Magny et c’est à eux, très probablement, qu’on doit la construction d’une église et l’érection de cette église en Paroisse.

Le lieu s’appela Magny Sainte Geneviève ; il y eut un pèlerinage à cette Sainte, qui fut la patronne de l’église ; à côté, une fontaine aujourd’hui restaurée, portait également son nom.

Au XIIe siècle, les chanoines de Sainte Geneviève avaient aussi la terre et l’église de Jossigny.

En 1194, Gaucher de Châtillon, sire de Crécy, céda ses droits de gruerie à l’abbaye de St Denis et affranchit les bois de Serris et Magny des exactions des seigneurs de Tournan.

En 1196, deux ans après, Gaucher et Elisabeth, sa femme, abandonnèrent aux chanoines de Sainte Geneviève tout le bois qui était coupé et essarté à Jossigny, ainsi que la gruerie de Magny le Hongre et Rosny, un des témoins de cet acte est Gulbelez de Serris.

En 1226, Guy de Châtillon, seigneur de Crécy, amortit le droit concédé au couvent du Pont aux Dames fondé la même année, de prendre 10 livres de rente sur la terre de Magny. Cet amortissement est accordé à charge de messe et Service solennel à célébrer tous les ans.

1172 – 1220 ; Il y avait déjà à cette époque, à côté des chanoines de Sainte Geneviève, une autre seigneurie dans le village de Magny, laquelle appartenait à des seigneurs autochtones qui avaient leur château ou maison forte.

Dans la liste des vassaux du comte de Champagne et de Brie, dressée vers la fin XIIe siècle et publiée par M A Longnon, figure Guillaume de Maigny, liges, pour Maigni et sa meson-for.

Un titre de juillet 1239 mentionne, le prieur de Jausegni, Pichardus, presbyte de Maignis et Egidius de Maignis, miles.

Une descendante de ces seigneurs autochtones, Jehanne de Mangnys, femme de Guillaume de Beaunes, écuyer, consentit en janvier 1343, une donation de 18 arpents et une maison à Couternois, au profit de l’abbaye du Pont-aux-Dames.

Ainsi que nous venons de le voir, le village s’est appelé primitivement Maigni, Mangnys Sainte Geneviève, puis Magny Sainte Geneviève jusque vers 1412.

De 1412 à 1415 (sous Charles VI), la terre de Magny appartenait à Jacques le HONGRE, écuyer, général conseiller sur le fait de la justice des aides. C’est lui, très probablement, qui laissa son nom au village appelé par la suite, tantôt Magny Sainte Geneviève, tantôt Magny le Hongre.

L’origine du nom de Magny-le-Hongre n’est pas si claire.

Le nom du village apparaît dans les textes à partir du VIIIe siècle. Le qualificatif Le Hongre apparaît en 1267 : Menniaco dictite Hungre. Cette appellation réapparaît en 1372, 1392, 1411.

Or Jacques le Hongre, écuyer du roi, apparaît à Magny, d’après la monographie de Mr Fauvet, qu’en 1412.

L’origine du nom de notre village serait donc à chercher ailleurs que dans le nom de Jacques le Hongre. (Dictionnaire de Seine-et-Marne).

En 1589, lors de la rédaction de la coutume de Paris, Thomas le Pilleur, conseiller notaire et secrétaire du roi, contrôleur de l’audience de Paris, est seigneur et châtelain de Bailly, Serris, Chatou, Magny le Hongre et Vères en partie.

Il y avait alors le petit château construit sur son fief qui prit le nom des Pilleurs, nom conservé par la suite avec des altérations. Ainsi, on retrouve plus tard au XVIIIe siècle, le fief d’Epilleurs, appelé aussi de Pileuse, ou Esblemeuse. A cette époque, le château n’existait plus ; il ne restait que les fossés et le fief était alors sans importance.

L’ancien domaine des Le Pilleur est acquis en 1644 par le prince de Rohan-Guéménée, Louis de Rohan, seigneur de Coupvray, Lesches et Magny le Hongre ; il obtint des lettres du roi pour renouveler le terrier de ces seigneuries.

En 1603, lorsque Françoise de Laval, princesse de la maison de Rohan, duchesse de Montbazon, fonda le Mont de Piété de Coupvray, un collège pour élever six enfants pauvres choisis dans les paroisses de ses domaines, Magny le Hongre pouvait fournir un de ces enfants.

Pour subvenir aux frais de sa fondation, la duchesse de Montbazon affecta notamment 3 muids de blé de rente, tel qu’il était recueilli dans ses fermes de Coupvray, Voulangis, Magny et Lesches, et 500 livres de rente à prendre sur les revenus des mêmes fermes.

La seigneurie de Sainte Geneviève de Magny comprenait droit de haute, moyenne et basse justice ; les premières causes étaient jugées dans le village même, les appels allaient au Châtelet de Paris.

En 1786, Nottin, juge ; Hébert, procureur fiscal ; Nottin, notaire à Quincy, greffier.

La ferme seigneuriale de Magny appartenait à l’abbaye de Sainte Geneviève de Paris et comprenait, au XVIIIe siècle, 228 arpents et les grosses dîmes de la paroisse. Le tout était loué le 12 juillet 1786 à Delaunay moyennant 4000 livres et un muid de blé.

Le chef-lieu de l’ancien fief de Sainte Geneviève est aujourd’hui la ferme qui appartient à M. Le Marquis de Plessis Bellière, marié à Mlle de Pastoret (elle comprend 250 Ha).

Il existait sur le territoire de Magny-le-Hongre au midi du village, à environ 800 mètres, une ministrerie consistant en une ferme avec chapelle (les ruines sont disparues depuis une dizaine d’années seulement), avec dépendances, terres, prés, bois, comprenant 7l arpents et 28 perches.

Cette ministrerie est connue sous le nom de ministrerie de Sylvelle parce qu’elle était limitée par des bois dits de Montguyon qui existent en partie encore aujourd’hui.

La ministrerie de Sylvelle était un arrière-fief dont le général de l’ordre des Trinitaires était titulaire. Son nom primitif, Fonte Jhesu, figure dans une bulle du pape Innocent III du 18 juin 1209.

En 1238, il y avait en cet endroit une communauté régulière, réduite dans la suite en simple bénéfice.

Au mois d’octobre 1238, Gilles de Cuisy, frère de l’évêque de Meaux, faisait un don par testament aux religieux de Fonte Jhesu.

En 1297, cette maison fut donnée au couvent de Cerfroy, elle continua d’exister et resta à la collation du Ministre général des Trinitaires. Située sur un fief particulier, on en rendait foi et hommage à MM. de Rohan au XVIIe siècle.

En 1720, messire de La Faye, ministre de Sylvelle, présente au prince Charles de Rohan-Guéménée un homme vivant et mourant à cause de sa ministrerie. Quand des Trinitaires ont été installés au Mont de Piété de Coupvray, le supérieur fut chargé d’administrer le petit domaine de Sylvelle.

En 1690, Francois Noël, religieux trinitaire, vicaire du couvent de Fontainebleau, était pourvu de la ministrerie de Sylvelle et avait pour fermier Jacques Maillet.

Cette ministrerie appartint aussi aux religieux Mathurins.

Elle fut louée en 1788 à Rousseau moyennant 600 livres. Ce domaine a été vendu le 20 janvier 1792 à Desprez. Il a été ensuite racheté par le descendant de ce même Rousseau qui en était fermier en 1788.

Le fief de la rivière

Dans un rôle de 1695, dressé pour la contribution de l’arrière, il est appelé fief de Pomponne, dit aussi la Rivière.

Il y avait : maison, écurie, grange, bergerie, colombier à pied, terres, prés, vignes, 8 arpents de bois dans le bois de Montguillon, 64 arpents de bois sur Bailly.

Ce fief a été acquis le 21 janvier 1769 du Marquis de Puységur par M. de la Prade, seigneur de Bailly, moyennant 70.000 livres.

En 1789, M. Ango de Fiers, seigneur de Bailly et du fief de la rivière, devait à cause de ce fief, au chapitre Saint Benoit et Saint Louis du Louvre à Paris, une rente de blé froment qui avait été réduite en 1747 de 12 setiers à 6 setiers, mesure de Paris.

Ce fief a été vendu le 2 floral an VII à M. Boutry Jean Antoine (au moment des assignats) moyennant la somme dérisoire de 3000 livres (argent sonnant).

Les héritiers Boutry l’ont revendu le 30 8bre 1887 à M. Le duc de Trévise, propriétaire du château de Coupvray.

Le fief du Trou

Le fief du Trou comprenait 30 arpents de terre lieudit Clos du Roi.

Le 24 juin 1646, Jacqueline Collart, femme de Daniel Rapinat écuyer, seigneur de Lespine et de Bessy, maître d’hôtel ordinaire du comte d’Alais, fourrier général de la cavalerie de France, possède le fief du Trou et en passe aveu 10 au roi à cause de son château de Crécy.

Le fief des Cardinaux

Le fief des Cardinaux consistait en 42 arpents de terre et 6 arpents et demi de prés (partie sur Bailly). Tenu en plein fief de la seigneurie de Magny le Hongre, il appartient en 1695 à Pierre Poncet, conseiller à la cour des aides de Paris. Le Prince de Rohan-Guéménée, seigneur de Coupvray, qui avait déjà une partie de la seigneurie principale de Magny, achète le fief des Cardinaux et celui de la Tournelle de Magny le Hongre, fiefs qui se trouvèrent par la suite unis à la baronnie de Coupvray.

La dîme sur une partie des terres de la paroisse était perçue par les chanoines réguliers de Sainte Geneviève et par les chanoines de Saint Louis du Louvre de Paris. Ceux de Saint Maur des Fossés avaient des dimes en grains et en vin sur le surplus du territoire, en leur qualité de Seigneurs hauts-justiciers de Montry, et ils rendaient au curé de Magny le Hongre pour son gros 16 setiers de blé, 18 setiers d’avoine et un demi-muid de vin (mesure de Lagny pour les grains).

En 1623, le curé de Magny le Hongre était attaché à l’évêque de Meaux, Jean de Vieupont, et demeurait au château de Germigny l’Evêque ; il lui était difficile de desservir assidûment sa paroisse. Ce curé s’appelait Jean Hébert.

En 1650, le curé réside dans son presbytère à Magny le Hongre. M. Denest, curé de Magny pendant 54 ans, mort en 1735, laissa à la fabrique quelques rentes et 30 livres pour être distribuées aux pauvres.

Le 3 décembre 1743, la veuve Boquet de Vignely et Tavcau de Magny, donnent 3 arpents et 90 perches de terre sur Magny pour faire un revenu de 12 livres au curé ; 8 au profit de la fabrique et 3 au maître d ‘école.

En 1748, fut reconstruit le clocher de l’église. Il était situé au-dessus de la nef ; il fut ramené à l’entrée au-dessus du portail.

Le 2 mai 1789, le curé Carpentier laisse par testament à sa pauvre église de Magny le Hongre, ses aubes, surplis, rochers etc. et aux plus pauvres de sa paroisse tout ce qui lui sera dû en blé au moment de sa mort.

Le revenu de la cure, en 1789, était de 333 livres, plus 4 paires de poulets provenant du loyer de 12 arpents, 75 perches de terre et pré en 8 pièces louées à Boutry et Sébastien ; ces quartiers de pré loués 70 livres (vendus le 30 avril 1 793 à Lepoivre).

Les renseignements ci-dessus, relatifs à l’histoire locale de la commune de Magny le Hongre, nous ont été communiqués par M. Lhuillier, chef de division des Travaux publics à la Préfecture.

Dans un almanach de Meaux 1791, nous trouvons : Magny le Hongre, Magniacum ab Hungaro, paroisse du diocèse de Meaux, archidiaconé de Brie, doyenné de Crécy, généralité de Paris ; bailliage, élection, subdélégation et coutume de Meaux ; maîtrise des eaux et forêts de Crécy ; grenier à sel de Lagny.

A propos du grenier à sel, nous y trouvons également le prix du sel ainsi établi pour la campagne (1771), une livre : 14 sols ; demi livre : 7 sols 3 deniers ; quarteron : 3 sols 9 deniers ; deux onces : 2 sols ; une once : 1 sol.

Ainsi que nous l’avons vu plus haut, les chanoines de Sainte Geneviève de Paris avaient fondé, dès le XIe siècle, une église qui existe encore aujourd’hui, mais qui a subi à diverses reprises des réparations telles, qu’elle ne conserve aucun caractère permettant de préciser l’époque de sa fondation.

Cette église est bâtie près d’une fontaine appelée Fontaine Sainte Geneviève. Il est fait mention de l’existence de cette fontaine dans des titres de 1172 et primitivement, le pays s’appelait Magny Sainte Geneviève.

La mention de cette fontaine semblerait indiquer qu’à ce moment déjà, elle était l’objet d’une profonde vénération et passait pour posséder des vertus surnaturelles dues à l’invocation de la Sainte patronne qui lui a donné son nom.
Toujours est-il que de nombreux pèlerinages y ont été faits depuis les temps les plus reculés. Ces pèlerinages avaient lieu régulièrement le 3 janvier (fête actuelle du village), jour de la Sainte Geneviève.

Hommes, femmes, enfants et surtout de nombreux malades, de dix lieues à la ronde se rendaient ce jour-là à Magny ; l’église était beaucoup trop petite pour contenir les nombreux pèlerins et plus de la moitié restait en-dehors pendant l’office, faute de place.

À la fin de la cérémonie religieuse, une procession solennelle avait lieu dans un parcours déterminé ; le but était la fontaine ; là, tous les pèlerins emplissaient d’eau des bouteilles qu’ils avaient apportées, ou encore trempaient des effets de corps dans la fontaine et approchaient ensuite ces objets de la statue de la Sainte afin qu’elle les touchât, suivant l’expression consacrée. L’eau de cette fontaine passait pour guérir toutes sortes de maladies, particulièrement, la fièvre. Il n’y a que huit ans que ces pèlerinages n’existent plus.

Les registres de délibérations n’existent que depuis 1790, mais les délibérations y sont nombreuses pendant toute la période révolutionnaire. On y voit en petit les différentes phases de cette période grandiose et terrible.

La première impression que l’on ressent est le sentiment de légitime fierté que l’on remarque chez ceux qui sont appelés à nommer des représentants au Conseil général de la commune et chez ceux qui sont nommés.

Le 16 octobre 1791, nous lisons une pétition des habitants de la commune demandant l’expulsion du sieur Thiébault, réfractaire à la loi, ci-devant curé de Magny, qui ne cesse d’exciter la population contre le gouvernement, disant que les actes de l’Assemblée Nationale sont inouïs.

Le 3 janvier 1792, nomination d’une commission municipale pour être présent à la première et dernière enchère des biens nationaux de la paroisse.

Le 8 septembre 1792, 21 citoyens sur 30 électeurs, âgés de 18 à 40 ans, s’engagent volontairement à partir pour la frontière à la première réquisition du ministre de la guerre.

La seigneurie de Sainte Geneviève comprenait une ferme de 303 hectares. La ministrerie de Sylvelle, les fiefs de la Rivière du Trou et des Cardinaux sont vendus comme biens nationaux. Il n’en restait plus le 9 septembre de l’an II que 20 arpents de terre de biens nationaux à vendre.

Le même jour, dans une invitation faite aux citoyens de se prononcer sur diverses questions, figure entre autres celle-ci :  » Quel est le vœu de la commune sur la souveraineté de la nation ? ». Il a été répondu à l’unanimité que la commune désire que le droit de souveraineté réside dans le peuple.

La commune possédait deux cloches ; l’une est offerte à la patrie pour être fondue et transformée en canon. Le nom de la commune devait être inscrit sur le bronze transformé.

Nous touchons à 93, au régime Robespierre :

  • L’église prend le nom de Temple,
  • Un comité de surveillance composé de 10 membres est élu le 10 novembre 1793,
  • Un circulaire du 2 floral demande de vieux chiffons et des cendres (pour la fabrication du salpêtre) ; chaque citoyen apporte, dans la mesure de ses moyens, les objets demandés.

Le 15 messidor an II, l’autorisation de faire des recherches des terres salpêtres dans toute l’étendue du territoire, est donnée.

Le 28 messidor, visite d’un agent du district de Meaux pour l’exploitation du salpêtre ; il engage fortement à achever les travaux, à faire les levées des cendres, à reporter les terres lessivées dans les endroits d’où elles avaient été extraites.

 

Quant à l’emplacement choisi pour la confection du salpêtre, l’agent préposé, considérant que le presbytère est loué, il n’y a pas de lieu plus convenable pour cette fabrication que le temple, ci-devant église. L’église est donc transformée en atelier de salpêtre ; plusieurs visites sont faites par des agents du gouvernement pour engager à hâter les travaux.

Une somme de 450 livres est accordée de la part du gouvernement au citoyen Maillard, chef d’atelier, pour lui permettre de continuer ses travaux avec vivacité.
L’an III, le 24 primaire, arrêté du Comité de salut public demandant l’état exact des fabricants et ouvriers en sabot, ainsi que des bois propres à faire des sabots. L’unique sabotier du village s’engage à en confectionner le plus possible (ces sabots étaient probablement destinés aux soldats).

Pendant toute cette période, nous y constatons de nombreuses réquisitions ; les cultivateurs sont appelés à fournir un ou deux chevaux, des voitures, du blé, de l’avoine, du fourrage pour le service du gouvernement.

Sous le Directoire, le Consulat et l’Empire, les délibérations sont beaucoup moins nombreuses ; il n’y en a plus que deux ou trois par année et elles n’ont aucune importance. Pendant la campagne de France en 1814, les Russes et les Prussiens logent dans le village ; une partie de la population se sauve et se réfugie dans les broussailles, sur les bords du rû de Lochy. Le 22 juillet 1816, délibération pour la répartition des secours accordés aux habitants qui ont logé des troupes prussiennes. Sous le règne de Louis XVIII et de Charles X, nous trouvons quelquefois une seule délibération par année. En 1825, une grêle épouvantable ravagea les récoltes. Les pertes subies par les habitants furent considérables. Le gouvernement accorda à la commune un secours de 300 francs qui furent répartis entre les sinistrés.

Sous le règne de Louis-Philippe, l’attentat du 28 juillet 1835, qui tua le maréchal Mortier et un grand nombre d’autres personnes étrangères à la politique, se rattache indirectement à l’histoire locale.

Après l’attentat, le complice de Fieschi, Pépin, se réfugia chez M. Rousseau, l’un des plus riches cultivateurs et propriétaires de la localité. Ce M. Rousseau était très connu pour ses idées républicaines. Il avait deux fermes : la ferme de Sainte Geneviève et la ferme des Champs (territoire de Bailly). C’est dans cette dernière que fut arrêté Pépin par la gendarmerie de Meaux. Tout le personnel de la ferme fut emmené ; M. Rousseau échappa par miracle à l’échafaud, mais tous ses biens furent vendus et ce procès le ruina complètement.
Depuis 1728, la famille Rousseau résidait dans la commune et c’était un Rousseau qui était procureur de la commune pendant la Révolution et receveur des domaines.

Le caveau de la famille Rousseau se trouve dans l’ancien cimetière de la commune. En 1863, une cloche nouvelle fut achetée et remplaça l’ancienne qui était endommagée. En 1870, la commune eut à souffrir, comme tous les villages rapprochés de Paris, de l’investissement des Prussiens.

Le voisinage du château de Ferrières contribua aux fréquents passages de l’ennemi. L’État-major prussien, l’Empereur Guillaume et De Molke, se rendant à Ferrières, traversèrent le village.
Les pertes subies pendant la guerre de 1870 se montaient à la somme de 77 684 francs ; l’indemnité de guerre accordée fut de 71 070 francs.

En 1872, la commune fit l’acquisition d’une horloge communale pour la somme de 820 francs.

L’église de Magny le Hongre paraît de construction moderne, attendu que les nombreuses réparations qu’elle a subies ont fait disparaître tout caractère permettant de préciser l’époque de sa construction.

Elle se compose d’une nef rectangulaire, avec un chœur également rectangulaire faisant suite à ladite nef. À droite, en entrant, se trouve la sacristie (autrefois au fond, derrière le maître-autel). À gauche, à l’entrée du chœur, se trouve un escalier conduisant dans les combles et au clocher.

Le dit clocher, carré en plan, est appuyé d’un côté sur les murs de la façade principale et des trois autres côtés sur les solives du plancher fermant l’église. La flèche, couverte en ardoises, est de forme octogonale. La nef est fermée par un plancher avec poutres et solives apparentes. Le chœur est voûté, en plâtre, avec deux fermes apparentes à l’intérieur. Les voûtes reposent sur une corniche en plâtre contournant les quatre côtés.

La nef et le chœur sont éclairés par des croisées d’ogives. Des contreforts très peu saillants à l’extérieur se trouvent à chaque portée des fermes. Les murs du côté du chœur sont lézardés et cette partie de l’église menace de s’écrouler ; on n’y célèbre plus d’onces depuis six ans, sauf les mariages, baptêmes et enterrements.

L’église renfermait cinq pierres tombales ; deux ont disparues :

  • La première portait le nom de l’abbé Desmet, curé de Magny pendant 54 ans, mort en 1735,
  • L’autre, d’un prêtre mort en 1752, l’abbé Cœur de Chêne.

Des trois dernières, l’une est illisible, l’autre porte :  » Ci-git le corps de Estienne Jacques Theodore Taveau, fils de Estienne Taveau laboureur en cette paroisse et de Marie-Françoise Boquet ses pères et mères, décédé le 30 mars 1742 âgé de 10 ans. Priez Dieu pour lui  » et la troisième porte cette inscription :  » Ici repose le corps de Philippe Rousseau, laboureur et receveur de Magny qui est décédé le 28 décembre, âgé de 48 ans. Priez Dieu pour lui « .

Le mobilier et les ornements n’offrent rien de remarquable. Il n’existe plus de prêtre à Magny depuis la Révolution. La commune est desservie par le curé de Coutevroult. En 1867, de nombreux incendies éclatèrent dans le village. Ces incendies furent attribués à la malveillance ; on n’en put découvrir l’auteur.

En 1885, le cimetière fut transféré à 300 mètres du village ; les dépenses occasionnées à cet effet se montèrent à la somme de 5 000 francs.

Dans une notice de M. Michelin, « Essais historiques, statistiques, etc. sur le département de Seine et Marne » il est dit que le village de Magny le Hongre n’a jamais souffert des guerres.

A Magny le Hongre, le 10 décembre 1888

Charles Fauvet

Avant 1789

En 1600, la princesse de Rohan-Guéménée, à Coupvray, créait un « Mont de Piété » où 6 enfants pauvres, choisis dans diverses paroisses, dont Magny, pouvaient être éduqués pendant 5 ans.

En 1669, un maître d’école apparaît à Magny. Il aura des successeurs jusque vers 1804 ; ils sont souvent témoins des mariages, baptêmes et sépultures, et signent les registres religieux qui servent d’état civil.

Un simple manœuvre pouvait devenir maître d’école à condition de savoir lire le latin, chanter et écrire un peu. Il était aussi clerc paroissial. Presque chaque fois qu’il y avait changement de curé il y avait changement de clerc paroissial ; il faut sans doute y voir l’influence du prêtre dans la nomination de ce dernier.

La situation de maître d’école-clerc paroissial était assez enviée : les temps étaient durs et il y avait des avantages. L’école avait lieu de la Saint Martin, à la Saint Jean et le maître était libre pour la moisson.

L’école était ouverte de 8 à 10 heures et de 2 à 5 heures. Elle était peu fréquentée ; beaucoup d’enfants n’y allaient pas. (Parmi les parrains et marraines de baptêmes, un quart seulement peut signer). D’ailleurs, il fallait payer et apporter son bois de chauffage en hiver. Beaucoup de familles n’en avaient pas les moyens.

Les maîtres recevaient 50 livres par an pour la fonction de clerc paroissial : sonner l’angélus à 5 heures, à 11 heures et 19 heures et porter l’eau bénite, chaque dimanche, dans toutes les maisons du village. En outre, il avait une rétribution fixe par élève et par mois (souvent mal payée), la possibilité de vendre de l’encre, de faire la quête à Pâques et à la Toussaint, de recevoir une gratification pour porter l’eau bénite (un morceau de pain ou un sou) ; il avait encore droit à un seau de vin chez chaque vigneron.

L’école avait lieu dans la maison du maître, c’est-à-dire, dans une seule pièce, avec une table. Les enfants étaient assis par terre et quittaient l’école, la plupart du temps sans savoir écrire.

De 1789 à 1850

Le « maître d’école » devient « greffier instituteur public » En 1794. Le Conseil Municipal vote l’attribution d’une somme de 500 livres pour le traitement du maître d’école, qui doit faire la classe du 24 septembre au 24 juin. Il garde la gratification de l’eau bénite. En outre, le loyer de la maison d’école (30 livres) est pris en charge par la commune.

Du coup, l’école devient gratuite pour les plus pauvres. Deux mois plus tard, le Conseil municipal, apparemment sans intervention du prêtre ni de l’évêque, accueille Jean Matthieu Malin comme instituteur :

« … Il s’est présenté à nous et s’est proposé d’ouvrir une école publique, nous a présenté et fait voir les sciences dont il se propose d’instruire aux enfants, à savoir : lire, écrire et l’arithmétique, et nous a présenté les livres élémentaires suivant la loi. Et comme nous ne doutons point de son civisme… nous avons reçu et adopté le dit Jean Matthieu Malin pour instituteur public de la commune de Magny-Le-Hongre… « 

Il y resta dix ans.

De 1804 à 1817, il n’y a plus de traces ni de prêtre, ni d’instituteur ; les registres d’État civil sont tenus par le Maire.

Voici les souvenirs personnels d’un vieillard qui était écolier en 1817 : « Cette année-là et les suivantes, l ‘école se fit dans une maison qui existe encore aujourd’hui, mais qui était couverte en chaume.

Elle comprenait deux pièces non carrelées, l’une servant de cuisine, l’autre de fournil. Les élèves qui écrivaient étaient installés dans la cuisine autour d’une table ordinaire, très serrés et très mal à l’aise pour écrire. La fenêtre était basse, étroite, ne laissant pénétrer qu’un jour douteux. Les élèves qui n’apprenaient qu’à lire étaient dans le fournil près de la femme du maître qui s’occupait d’eux à ses moments perdus. En son absence, ils allaient lire, à tour de rôle auprès du maître.

Il n’existait ni tableau, ni mobilier classique quelconque (bureau noirs, cartes etc.) »
– ce n’est que vers 1820 que l’école fut pourvue d’une table longue sur quatre pieds et de bancs mobiles ; les écrivains seuls étaient admis à la table. Les livres en usage à cette époque étaient intitulés :  » Pensées chrétiennes ; Ancien Testament, Catéchisme, Psaume.  »

Le volume le plus difficile à déchiffrer s’appelait « Les contrats » : ce n’était pas un livre, mais un manuscrit renfermant un certain nombre de vieux actes notariés écrits sur parchemins.

La vénération avec laquelle les anciens parlent de ces lectures manuscrites semblerait indiquer que c’était là le nec plus ultra du but à atteindre dans la période scolaire, car tout élève qui savait déchiffrer ces grimoires était un savant.

Le maître ne paraît plus avoir de traitement fixe et sa situation semble beaucoup plus précaire qu’en 1794. Ce qui nous oblige à admettre cette hypothèse c’est que, en 1820, la rétribution mensuelle était ainsi établie : 0F50 par élève lisant seulement, 1F pour ceux qui lisent et comptent et 1F50 pour ceux qui lisent, comptent et écrivent.

Les maîtres étaient comme avant 1789, chantres, sonneurs et porteurs d’eau bénite. Cette dernière attribution a subsisté jusqu’en 1835.

Quant à la teneur morale de l’instituteur, elle paraît assez relâchée ; un entre autres, joignait à sa profession celle de marchand de harengs ; il allait s’approvisionner au marché de Lagny et ne rentrait pas toujours pour l’école du lendemain. Mais il est probable qu’il ne faut voir là qu’une exception et que ceux qui suivirent furent plus rigides dans leur manière de vivre.

Enfin, vint la loi du 28 juin 1833 sur l’enseignement ; nous trouvons dans les archives, le registre du Comité central chargé de la surveillance des écoles primaires. Il contient les procès-verbaux d’installation des Instituteurs communaux à partir de 1835.
Puis vint la création des écoles normales, le matériel scolaire s’améliore.

Merci à l’association « La Grangée de l’Histoire » pour les textes et les visuels.

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