Ouverture de saison • File7

Comment passer à côté d’une artiste aussi talentueuse et attachante ? Meryl est la grande représentante et défenseure du rap antillais, celle qui prend à bras-le-corps les sujets sociétaux, le féminisme, le racisme, sans jamais faire aucune concession. Tout le monde veut collaborer avec elle, que ce soit Josman, Georgio, Natoxie ou Le Juiice. Son énergie scénique n’est plus à prouver. Elle la déploiera dans un show qui s’apparente à une communion où résonnent ses titres les plus emblématiques, de Coucou à Yozo, de Ah Lala à La Brume. Et fait des détours par le shatta, sous-genre du dancehall qui fait de beaux ravages.

« A.A. » pour initiales, « SARL » en référence aux différentes facettes qui interagissent pendant le processus de création, comme au sein d’une entreprise.
C’est en patron de sa SARL et depuis son studio Montreuillois (en face de tours de bureaux) qu’A.A. fabrique son propre son. Une pop qui allie accords aériens, nimbés de nostalgie à la Blood Orange, écriture sonore et imagée délivrée par une voix grave et profonde à la Odezenne et rythmiques hip-hop, garnies d’effets facétieux à la Varnish la Piscine. On y distingue également un amour prononcé pour les leads (guitare, synthés) qui lui vient de sa pratique du violon et l’utilisation d’ad-lib vocaux, comme de petites voix permettant de matérialiser des pensées flottantes, créant un dialogue entre ses différentes facettes au sein-même de ses morceaux.

En découle ce côté sonore, dont le but est de faire ressentir avant de comprendre : « les syllabes doivent résonner entre elles, c’est mon rapport à la langue. Elle doit sonner, comme quand j’entendais mes parents parler malgache. Sans les comprendre, je ressentais ce qu’ils disaient. » Enfin impossible de parler d’A.A. SARL sans s’attarder sur le côté imagé de sa musique, aussi bien au niveau des textes que de la production. Cette dimension permet à A.A. de se ré-approprier son vécu, en le reformulant à sa façon, par son propre prisme.

Une musique qui regarde vers le ciel, les deux pieds sur le sol, sans oublier de rire d’elle-même.

Bien que partant du studio, le projet prend une toute autre dimension sur scène. Aller voir la SARL, c’est entrer dans son espace de travail : là où A.A. restitue les différents états émotionnels traversés à l’écriture des morceaux. Là où il le partage avec le public, son premier collaborateur. C’est équipé de sa guitare, de son laptop et surtout de sa voix qu’A.A. propose de partager sa vision du monde, permettant précisément d’échapper à la morosité du monde corporate.

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